Les Gouyon (Gwion, Gwyon, Goion, Goeon, Gouëon, Goyon, Goüyon…) sont l’une des plus anciennes familles de France. La branche aînée Matignon, la plus illustre, régna sur Monaco de 1731 à 1949.
Gouyon n’est pas un nom de terre mais un patronyme. Pour cette famille, comme pour bien d’autres, la particule « de » est un non-sens. La maison Gouyon a joui dans la Bretagne féodale d’une situation importante, mais c’est surtout à partir du quatorzième siècle que les illustrations croissantes viennent lui donner un éclat certain.
Un grand chambellan du duc de Bretagne, six conseillers au parlement de Bretagne, un maréchal et amiral de Bretagne, un grand écuyer de France, deux maréchaux de France (dont l’un remplit les fonctions de connétable de France au sacre d’Henri IV), deux chevaliers de Malte, neuf chevaliers du Saint-Esprit, sept évêques…
Tant d’honneurs revenaient tout d’abord aux branches aînées (Matignon, La Moussaye, Marcé, Gacé), descendant des maisons de Bretagne, de Bourgogne, d’Orléans-Longueville, de Rohan, d’Estouteville, de Luxembourg, de Lorraine, d’Harcourt et de Montmorency, ensuite aux branches cadettes (Vaudurand, La Raimbaudière, Saint-Loyal, Beaufort…).
À la suite de l’extinction de plusieurs familles, la maison Gouyon serait devenue, en filiation suivie, la plus ancienne de Bretagne si l’on excepte les Rohan, maintenant de sujétion tchèque, et les Walsh-Serrant, d’origine irlandaise, venus dans la province à la fin du dix-septième siècle.
Une légende, malheureusement basée sur un faux, a fait remonter la filiation des Gouyon jusqu’au quatrième siècle. Il y est aussi question d’un Guillaume qui aurait combattu les Normands avec le duc Alain Barbe-Torte et construit en 937, le château fort de La Roche Goyon à la pointe de La Latte.
Les premiers Gouyon que l’on rencontre dans les chartes de Bretagne, entre le onzième et le quatorzième siècle, se trouvaient dans le pays de Dol, le Clos Poulet, les îles Britanniques et le pays de Dinan. À vrai dire, on ne peut rattacher ces lointains ancêtres à la généalogie.
Même si l’on retrouve en Bretagne des traces de familles d’extraction chevaleresque jusqu’au dixième ou onzième siècle, il n’a pas été possible à la maison Gouyon d’établir avec certitude une filiation avant la fin du douzième siècle. Il est hasardeux de relier des personnages entre eux en se fondant uniquement sur les noms et les prénoms.
La filiation suivie de la famille Gouyon, encore représentée de nos jours, remonte à Étienne, chambellan de Bretagne, qualifié dans l’arrêt de maintenue de 1669 (onze générations concernant la majorité des branches alors existantes) « sieur de la Gouyonnière et de châteaugouyon ».
Étienne épouse vers 1170 Dameta Luce de Matignon, probablement fille, certainement héritière de Denys, seigneur de Matignon, qui vivait encore en 1149. Avec Luce, en 1209, première charte d’où part la filiation suivie, 1214, 1219, Étienne fait don à l’abbaye de Saint-Aubin-des-Bois de ses dîmes en Saint-Germain-de-la-Mer et en Plévenon.
À partir de ce mariage, les membres de la branche aînée de la maison se sont appelés Gouyon Matignon et les branches cadettes, pour se distinguer, ont ajouté à leur nom patronymique un nom de fief : Gouyon de Miniac, Gouyon de Pontouraude
Avec l’approbation de Louis XIV, un Gouyon Matignon, Jacques IV, épousa le 20 octobre 1715 Louise-Hippolyte Grimaldi (princesse de Monaco) et reprit nom et armes de la maison Grimaldi ; les Gouyon Matignon se maintinrent sur le trône monégasque de 1731 à 1949.
La Haute-Bretagne (fort La Latte), la Normandie, Paris (hôtel de Matignon) et finalement le palais princier de Monaco, tel fut l’itinéraire suivi par la famille Gouyon dont les armes sont « D’argent au lion de gueules armé, lampassé et couronné d’or », et qui a pour devises « honnour à Goyon, liesse à Matignon » et « chasteau redoutable, chastelain secourable ».